Permacultiver votre équipe, c'est possible!


On entend régulièrement parler de permaculture, mais en quoi consiste exactement cette approche? Souvent utilisée dans un contexte agricole, elle revêt aussi une dimension humaine et peut se révéler un outil précieux pour mieux comprendre et vivre la transition écologique, économique et sociétale en cours. Mais saviez-vous qu’elle peut facilement être intégrée au fonctionnement de votre organisation et vous permettre de construire des équipes soudées et motivées? Dans cet article, je vous partage quelques-unes des notions présentées dans le formidable livre Permaculture humaine, Des clés pour vivre la Transition, de Bernard Alonso et Cécile Guiochon.

 

1.  Les principes clés de la permaculture

Née il y a une quarantaine d’années, la permaculture classique se caractérise par une pratique naturelle de l’agriculture, selon les principes définis par les Australiens Bill Mollison et David Holmgren. Autrement dit, c’est une «approche systémique qui permet de créer des écosystèmes viables en s’inspirant des lois de la nature».

La permaculture repose sur trois piliers – prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain, partager équitablement les ressources et redistribuer les surplus – et douze principes clés :

  1. Observer et interagir;

  2. Capter et emmagasiner l’énergie;

  3. Obtenir une récolte, une production de richesse;

  4. Appliquer l’autorégulation et accepter les réactions;

  5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables;

  6. Éviter la production de déchets;

  7. Concevoir le design d’ensemble avant d’en venir aux détails;

  8. Intégrer plutôt que séparer;

  9. Adopter des solutions modestes et lentes;

  10. Favoriser la biodiversité;

  11. Repérer et valoriser les «effets bordures»;

  12. Réagir aux changements de façon créative.

La permaculture humaine vise à «(re)construire les écosystèmes humains en s’inspirant des modèles de la nature» afin d’organiser les activités humaines de façon harmonieuse. Concrètement, il s’agit ici de mettre en place des «pratiques destinées à concevoir, à planifier, à aménager, à structurer un espace, un projet, un groupe, des relations ou des organisations afin de les rendre féconds et durables». Cela implique, entre autres, de définir l’identité et de découvrir quel est le rôle individuel de chaque personne, puis de trouver comment mettre à profit sa singularité (forces, sensibilité, besoins et désirs profonds) au sein d’un écosystème donné. On ne cherche pas à exacerber les rivalités et la compétition mais plutôt à mobiliser des potentiels, des points de vue, des expériences et des compétences complémentaires en vue d’atteindre un objectif commun.

  

2.  L’intelligence collective : un outil souvent sous-estimé

Appliquée à une équipe de travail, l’approche permaculturelle suppose la détermination et l’application de règles, que chaque membre doit connaître pour garantir le bon fonctionnement du groupe. Le rôle de chacun mérite d’être clairement défini et communiqué aux différentes parties prenantes, qui seront ainsi en mesure d’observer, d’identifier et de mobiliser ses forces, ainsi que de reconnaître et de compenser ses faiblesses dans le cadre d’un projet commun.

«Focalisez votre attention sur les qualités de vos coéquipiers, et non sur leurs limites! Acceptez que vous ne pouvez pas apprécier toutes les facettes de leur personnalité.»

Bernard Alonso et Cécile Guiochon

À la fois ouvrage de référence et guide pratique, Permaculture humaine consacre toute une section à la construction d’une équipe unie et opérationnelle. Dans un monde idéal, vos employés seraient donc amenés à collaborer dans un climat de confiance favorisant l’épanouissement personnel autant que la réflexion et l’action collective.

Bernard Alonso et Cécile Guiochon suggèrent douze pistes de travail pour consolider l’esprit d’équipe et en optimiser le fonctionnement :

  1. Formuler clairement l’intention commune du groupe : il est important de préciser ou de rappeler les cibles et les objectifs spécifiques du projet;

  2. Passer du «je» au «nous» : faire primer l’intérêt collectif contribue à assurer la pérennité du groupe et la réussite du projet;

  3. Faire connaissance en évaluant les potentiels de l’équipe : recenser et étudier les ressources humaines disponibles est un bon moyen d’identifier et de valoriser les différences et les complémentarités. Cet exercice peut également s’avérer très utile lors d’une phase de croissance organisationnelle ou de recrutement, car il permet de déterminer les compétences et les valeurs qui font défaut à l’équipe et qu’une nouvelle recrue pourrait venir combler;

  4. Être vrai et authentique : créer un climat de confiance propice au dialogue, à l’honnête expression des besoins, des désirs et des sentiments de chacun, ainsi qu’à l’affirmation de sa personnalité unique est primordial à la saine évolution du groupe;

  5. Féliciter les membres de l’équipe : valoriser les bons coups renforcera le sentiment de fierté et stimulera l’ensemble du groupe;

  6. Écouter et se sentir écouté : prévoir du temps et un espace «neutre» où chacun peut s’exprimer en toute confidentialité et sans jugement est nécessaire pour cultiver une véritable empathie au sein du groupe;

  7. Instaurer un climat de confiance favorisera le partage d’expériences et la confrontation de points de vue;

  8. Prendre les décisions par consentement, c’est-à-dire rechercher une position commune avec laquelle tout le monde sera confortable;

  9. Favoriser les sessions courtes et fréquentes vous aidera à obtenir de meilleurs résultats;

  10. Pratiquer le détachement et éviter de se remettre systématiquement en question si les choses ne prennent pas la tournure qu’on espérait;

  11. Célébrer la vie du groupe et entretenir la joie sur une base régulière;

  12. Développer la communication non verbale et inviter les membres du groupe à prendre conscience des différents éléments (vêtements, intonation de le voix, expressions faciales, postures, etc.) qui traduisent leur personnalité, leur humeur ou leur point de vue. Pour maximiser l’impact d’une prise de parole ou de position, il est souvent très important de joindre les gestes (et les comportements) aux paroles.

Vous l’avez compris, la permaculture n’est pas une simple technique mais un concept environnemental (au sens le plus large du terme), une véritable philosophie de vie! On peut tenter d’en comprendre et d’en intégrer les principes dans des écosystèmes de nature et de taille variables mais l’approche permaculturelle repose avant tout sur la spécificité (pour ne pas dire l’unicité) et la liberté des éléments qui les composent. Elle ne peut donc pas être considérée comme un nouveau modèle managérial qui relèverait d’une vision pyramidale de l’organisation. Personnellement, j’y vois plutôt un terreau fertile qui, s’il est nourri quotidiennement, permettra à votre organisation de fleurir et de se développer sur des bases saines et durables.

Cet article a été rédigé par Élodie Malroux.