Comment identifier et augmenter votre impact sociétal?

Dans le langage courant, une confusion règne entre ces deux termes et nuit à la notion d’impact. L’effet correspond à un résultat qui peut se mesurer à court terme à l’aide d’indicateurs de performance. L’impact réfère quant à lui à un résultat mesurable à long terme; on peut le voir comme le changement ultime qui survient après une série d’actions aux effets positifs.

★ Truc pratique : Pour passer de l’effet à l’impact, demandez-vous «pourquoi?» plusieurs fois de suite jusqu’à ce que vous ne trouviez plus de réponse!

L’engagement est un des puissants leviers d’action dont vous disposez pour avoir un impact. L’impact visé s’apparente alors à la vision qui guide vos actions et vous aide à prioriser les efforts investis au service d’une cause. Idéalement, vous devriez mesurer l’impact créé pour vérifier que vos actions ont bien eu les effets puis l’impact escomptés.

Ces deux adjectifs sont souvent utilisés de manière interchangeable alors que «sociétal» englobe plusieurs dimensions : sociales, environnementales et économiques. Qualifier une démarche de sociale plutôt que de sociétale s’avère donc réducteur dans le cas où vous adoptez une approche holistique visant à maximiser votre impact.

La stratégie ci-après peut aussi bien s’appliquer à l’échelle individuelle que collective : les seules nuances concerneront l’analyse des risques et des opportunités, l’identification des investissements nécessaires, le choix des outils et le périmètre d’action.

Avant de vous lancer dans l’action, prenez une pause pour réfléchir aux problèmes qui existent autour de vous, dans votre écosystème et aux changements que vous souhaitez voir émerger, que ce soit dans votre environnement, au sein de votre communauté ou autre. Ensuite, listez les causes qui vous touchent et/ou au service desquelles vous aimeriez mettre vos ressources à contribution. Il peut s’agir de temps, de compétences, d’argent, d’expérience ou de toute autre contribution.

Les problématiques sociétales n’ont jamais été aussi nombreuses, ce qui implique qu’il existe une multitude d’enjeux pour lesquels contribuer, à tous les niveaux et dans tous les domaines. Il est donc crucial d’identifier le thème ou le sujet qui fait du sens pour vous, vous mobilise et suscite un élan d’adhésion.

★ Truc pratique : Répondez aux questions suivantes et ajoutez-y «Pourquoi?» :

• Quelles sont mes valeurs? Pourquoi?

• Quelles expériences passées m’ont marqué·e? Pourquoi?

• Quels sont mes rêves? Mes aspirations? Pourquoi?

• Qui m’inspire? Pourquoi?

• Qu’est-ce qui m’insurge? Pourquoi?

• Qu’est-ce qui me sort de mon quotidien? Me permet d’innover ou de dynamiser ma routine? Pourquoi?

Vous pouvez aussi approfondir votre réflexion en interrogeant votre entourage :

• Quelles sont mes forces?

• Dans quel contexte me trouves-tu épanoui·e?

• Quels sujets révèlent le plus ma passion? Ma force de conviction?

La démarche est la même pour une approche collective ou organisationnelle. D’abord, rappelez-vous la raison d’être de votre organisation : pourquoi existons-nous comme collectif? Interrogez ensuite votre équipe et vos parties prenantes : ces miroirs vivants vous renverront à coup sûr des reflets pertinents et vous permettront de mieux comprendre la «personnalité» de votre organisation. Dans le cas d’une approche collective, il est important de questionner également le lien entre la thématique identifiée et les objectifs stratégiques de votre organisation, au-delà de la volonté de «s’engager pour le bien».

★ Truc pratique : Que votre engagement soit individuel ou collectif, posez-vous cette seule question : comment transformer le sens en action?

Une fois votre réflexion terminée, il est temps de définir un plan d’action. Pour ce faire, vous pouvez suivre une démarche en quatre temps :

1. Identifiez où vous voulez vous rendre, soit le changement que vous souhaitez voir arriver;

2. Identifiez ce qui, selon vous, devrait être fait pour qu’il arrive et priorisez les leviers d’action en fonction de vos valeurs et de votre mission. Prenons par exemple la problématique du décrochage scolaire : les causes racines sont multiples et les solutions pour en traiter les effets, très diverses. En quoi croyez-vous? Aider les enfants en difficulté à se réorienter? Offrir de l’aide aux familles touchées? Voulez-vous agir au niveau des causes racines ou traiter les symptômes? Il n’y pas une seule bonne réponse!

3. Qu’est-ce qui existe déjà sur ce sujet? Puis-je rejoindre un groupe ou contribuer à une initiative existante?

4. Quelles ressources pourrais-je mettre à contribution?

5. Dans le cas d’une organisation : quels sont les liens avec nos stratégies?

La préparation, le temps, les outils et les investissements nécessaires ne sont pas les mêmes pour gravir le Mont Mégantic ou le Mont Everest! Il vous faut donc réfléchir aux ambitions qui sous-tendent votre désir de changement et votre volonté d’agir.

Vous pouvez déterminer le périmètre de votre engagement individuel ou collectif grâce à plusieurs critères dont vous devrez tenir compte. À court terme, deux sont particulièrement importants :

• Vos ressources (temps, argent, compétences, réseau, etc.);

• Vos objectifs : quantités (ex. : nombre de personnes touchées, de bouteilles en plastique recyclées, de programmes mis en place, d’heures de bénévolat, etc.), périmètre géographique (l’impact se situe-t-il au niveau de votre quartier, ville, région, pays?) et nature de la solution (s’agit-il d’un changement systémique? De proximité?).

Interrogez-vous également sur les succès futurs :

• Quels jalons vous permettront de vérifier que vous avancez dans la bonne direction?

• Comment va se matérialiser votre impact? Quels éléments concrets pourrez-vous observer?

Nous savons d’expérience que les problématiques sociétales sont tellement complexes qu’un seul acteur ne peut pas les résoudre seul. La collaboration à différentes échelles de la société est donc essentielle pour aboutir à des changements de fond : elles concernent et devraient impliquer à la fois les industries, le secteur privé/public/académique et les acteurs de la société civile.

Ce type de partenariat, qui vise un impact systémique de transformation, représente un vrai défi car il implique notamment de considérer des réalités, des temporalités, des langages, des intérêts et des objectifs différents. Un alignement autour d’une vision commune est donc nécessaire.

Concrétiser un tel partenariat nécessite du temps, de la persévérance et le soutien d’un acteur «neutre», qui n’a pas d’intérêts directs dans le projet et qui possède l’expertise pour concevoir et mener à bien de tels partenariats. Cet engagement est certes complexe et éprouvant (en terme de ressources, surtout), mais c’est le plus gratifiant car les changements qui en découlent sont structurels. Il fait d’ailleurs l’objet de l’objectif de développement durable (ODD) n°17 de l’ONU – Partenariats pour les objectifs, pour la réalisation duquel UMALIA a reçu le 2020 Canadian SDG Accelerators Award du United Nations Global Compact.

Avant de vous engager individuellement ou collectivement, assurez-vous que la problématique identifiée et la façon dont vous l’adressez résonnent avec qui vous êtes tout en stimulant votre potentiel créatif et votre pouvoir d’action. Viser un bon alignement tête-cœur-tripes-jambes est un gage de succès pour maximiser votre impact sociétal!

Cet article a été rédigé par Delphine Orfila, directrice Engagement sociétal chez UMALIA, et Élodie Malroux.